Cette petite histoire de la musique classique européenne à l’attention des débutants permet de se familiariser avec les grandes périodes de la musique classique à travers l’écoute d’un peu plus d’une vingtaine d’extraits musicaux.
Les grandes périodes de la musique classique :
- Le Moyen- Âge (…1400)
- La Renaissance (1400-1600)
- L’époque baroque (1600 -1750)
- L’époque classique (1750-1800) Après c’est un peu plus compliqué. On parle souvent de période romantique pour le 19e siècle, mais comme il n’ y a plus d’unité de style , on utilisera les divisions suivantes:
- le 19e siècle
- le 20e siècle
Les dates retenues pour cette chronologie sont très schématiques, mais faciles à mémoriser. En réalité ces périodes se chevauchent légèrement. Il y a par exemple une courte période pré-classique, une cohabitation du classicisme et du romantisme au début du 19e siècle etc… Cette présentation est très synthétique et volontairement lacunaire, il n’a pas été possible de tout aborder en une seule page. Passons maintenant en revue les différentes période de l’histoire de la musique. En écoutant les extraits, il faut essayer de ressentir l’atmosphère propre à chaque période.
1. Le Moyen- Âge
Le Moyen-Âge musical n’a pas de frontières bien définies. C’est une période très longue où cohabitent dans sa phase finale les façons de chanter héritées des églises chrétiennes antiques et des œuvres qui portent en germe tout le développement ultérieur de la musique classique occidentale. La musique savante médiévale est intimement liée à la liturgie chrétienne. Pour désigner la musique « religieuse » on emploie en général le terme de musique sacrée. L’autre versant de la musique médiévale est celui de la musique profane ( c-a-d non sacrée ) : chansons, musique instrumentale …
Le chant grégorien
Commençons par le chant grégorien, qui est encore pratiqué dans l’église catholique à l’heure actuelle. C’est un chant monodique (une seule « voix »). Tous chantent la même mélodie. Chaque chant a une couleur déterminée, uniforme, car il est basé sur un mode, comme dans la musique indienne. On parle de musique modale par opposition à la musique ultérieure qui est tonale et qui n’utilise plus que deux modes, le majeur et le mineur jusqu’à la fin du 19e siècle. Les œuvres tonales n’ont pas cette coloration uniforme, car la réduction à deux modes est compensée par la succession d’accord (superpositions de notes) de couleurs différentes. Nous écouterons tout d’abord un extrait d’un chant cistercien (un type de chant grégorien) du 12e siècle, provenant des Répons de Matines pour la fête de Saint Bernard.
Répons de Matines pour la fête de Saint Bernard, Virtute Multa – Interprètes: Marcel Pérès. Ensemble organum. Album: Chant Cistercien.
Les premières polyphonies
Écoutons ensuite un exemple de musique sacrée polyphonique (plusieurs « voix », c’est à dire plusieurs mélodies simultanées) du 12e siècle. La polyphonie est l’une des « marques de fabrique » de la musique classique occidentale. Cette polyphonie à deux voix est l’une des plus anciennes traces écrites de polyphonie:
Polyphonies Aquitaines du XIIe siècle, Veri solis radius– Interprètes: Marcel Pérès, Ensemble organum Album: Polyphonies Aquitaines du XIIe siècle: Saint Martial de Limoges
La pratique de l’interprétation de la musique médiévale est affaire de spécialistes, tout à la fois artistes et musicologues. Les systèmes de notations varient d’une époque et d’un pays à l’autre et les interprètes doivent faire preuve de sciences, de goût et d’imagination pour faire revivre la musique de cette époque reculée.
Les grandes écoles
La France et la Flandre dominent la production musicale savante. A partir du 12e siècles, on utilise les divisions suivantes pour caractériser les écoles et époques qui se succèdent dans le nord de la France jusqu’à la Renaissance:
- Saint-Martial
- Notre Dame
- Ars Antiqua
- Ars nova
- Ars subtilitor
Nous nous en tiendrons là en ce qui concerne cette période si riche et complexe. Dans le cadre de cette petite histoire, destinée à ceux qui souhaitent découvrir la musique classique, il vaut mieux se concentrer sur des époques dont la musique nous est d’un accès plus immédiat.
2. La Renaissance (1400-1600)
D’un point de vue musical,la Renaissance est une période de transition, lors de laquelle se met en place la tonalité. On y découvrira des polyphonies sacrées somptueuses et d’une grande complexité et des œuvres instrumentales profanes déjà très modernes, quoiqu’encore un peu monotones, d’un point de vue harmonique, pour nos oreilles. La musique instrumentale qui était improvisée auparavant devient semi-écrite (tablatures qui guident l’improvisation) puis écrite à la fin du 16e siècle, comme par exemple chez les virginalistes anglais. Pendant la Renaissance, le centre de gravité de la musique sacrée se déplace des Flandres et de la France à l’Italie. L‘école franco-flamande qui dominait au 15e siècle cède la prééminence aux écoles romaines et vénitiennes au cours du 16e siècle.
Josquin Des Prés ou Josquin Desprez (1440-1521) est né en Picardie. C’est un des très grand maître de l’école franco flamande. Il a voyagé en Italie et a composé cette messe en l’honneur du duc de Ferrare, Hercule. Écoutons le Kyrie de sa Messe Hercules Dux Ferrariae (1480).
Le luth
Le luth ressemble à une guitare en forme de poire. Il proviendrait du ud persan. Il accompagne souvent les chanteur mais est suffisamment expressif pour bénéficier d’un répertoire propre à cet instrument. Nous écouterons le Ricercar n°33 de Marco dall’Aquila (1480-1528), un luthiste vénitien.
Le virginal
Pour finir, une très belle version de la première pavane (une danse lente) de l’anglais William Byrd, composée en 1575 et enregistrée à la fin des années 1960 par le pianiste canadien Glenn Gould. Rappelons qu’à l’époque de Byrd, le piano n’avait pas encore été inventé. Byrd vivait à l’époque d’Elizabeth 1ère, c’est un compositeur élisabéthain. Il ne jouait pas du piano mais un de ses ancêtres, le virginal, on dit qu’il fait partie des virginalistes anglais.
Quelques compositeurs de la renaissance
- École franco-flamande : Dufay, Josquin, Ockeghem, de Lassus
- Écoles italiennes : Gabrielli, Palestrina
- Angleterre : Tallis, Byrd, Dowland
- Espagne : Victoria, Cabezon
L’époque baroque (1600 -1750)
La musique baroque n’est pas baroque ! Le terme baroque est emprunté à l’histoire de l’art car à cette époque l’architecture et notamment les églises sont « baroques », c-a-d dire bizarres, pleines d’ornements compliqués par rapport au style plus épuré de la Renaissance. L’époque est architecturalement baroque mais pas musicalement. Au début de l’époque baroque l’influence de la musique italienne est immense, elle donnera une grande unité à la musique européenne continentale, jusqu’en Pologne.
La musique baroque est d’un abord facile pour un moderne. Elle est très expressive, mais ne sollicite pas outre mesure le système nerveux de l’auditeur. L’homme est présent avec ses passions, ses misères et ses faiblesse mais il s’intègre encore à un ordre du monde régit par le Dieu chrétien.
L’harmonie moderne est en place, les accords changent selon des règles précises autour d’un centre de gravité, on parle de musique tonale. La sciences du contrepoint (la science de la superposition des lignes mélodiques) est à son apogée notamment avec le plus grand compositeur de l’époque baroque, Jean-Sébastien Bach (1685-1750). L’émancipation de la musique instrumentale est en voie d’achèvement. L’improvisation de l’accompagnement, qui caractérise les musiques vivantes, se pratique encore à l’époque baroque, sous le nom de basse continue; les musiciens suivent un canevas harmonique écrit au moyen d’une ingénieuse notation.
L’opéra
L’opéra est né dans les années 1600 à Florence dans l’actuelle Italie. Pour certains l’ Orféo de Claudio Monteverdi, (1567-1643) dont la première représentation a eu lieu en 1607 est le véritable acte de naissance de la période baroque.
Ouverture de l’Orféo :
Un tube de l’époque baroque
Johan Pachelbel (1653-1706), né à Nuremberg, est essentiellement connu pour son canon sur une basse obstinée bien qu’il ait produit une intéressante œuvre d’orgue et de clavecin. Dans un canon, on joue une mélodie à la première voix puis à la seconde de manière à ce qu’elle se chevauchent. Le fameux «canon de Pachelbel» est un véritable «tube« qui aura malheureusement éclipsé le reste de son œuvre. Écoutons ce fameux canon par l’ensemble Voices of Music :
Le concerto
Le concerto, apparaît à l’époque baroque. Initialement confiné à la musique vocale, ce vocable désigne rapidement une forme musicale dans laquelle un instrumentiste soliste dialogue avec l’orchestre. Les concertos sont généralement divisés en trois parties (rapide-lente-rapide), habitude qui perdure jusqu’à nos jour. La partie centrale est généralement notée lento ou adagio, ce qui signifie à l’aise en italien. L’influence de l’Italie transparaît jusque dans le vocabulaire.
Dans le bel adagio du concerto pour hautbois op.9 n°2 du vénitien Tommaso Albinoni (1671-1750), la mélodie au hautbois se détache particulièrement bien de l’accompagnement joué par l’orchestre en sourdine.
Le clavecin
Le clavecin est un instrument à clavier dont les cordes sont pincées et non frappées comme sur le piano. Comme il n’est pas possible, au clavecin, de jouer une note plus fortement qu’une autre, l’interprète doit donner beaucoup de liberté rythmique à son jeu pour être expressif. Les clavecinistes avaient inventé le swing bien avant les jazzmen! En France, François Couperin (1668-1733), l’un de nos plus illustre claveciniste fait triompher l’esprit français, qui préfigure le classicisme: pas d’emphase, mais un mélange très spirituel de profondeur et de légèreté.
Le morceau choisi, «les Barricades Mistérieuses», composé vers 1720, est écrit dans le style dit luthé, car il s’apparente à celui des compositions pour luth.
L’orgue
L’époque baroque est aussi celle du «Roi des instruments», l’orgue. L’organiste, véritable homme-orchestre, dispose de plusieurs claviers reliés à plusieurs jeux de tuyaux, chacun ayant une couleur particulière. Les basses sont jouées sur un pédalier, par les pieds du musicien.
Nous écouterons la célèbre Toccata et fugue en ré mineur BWV 565 de Jean-Sébastien Bach. Les toccatas sont des pièces virtuoses pour instrument à clavier. La fugue est une forme fort savante dans laquelle un motif mélodique principal et des motifs mélodiques secondaires s’entremêlent en suivant des règles précises.
La musique sacrée
La musique sacrée revêt des habits tantôt humbles, comme dans les Leçons de ténèbres de Couperin, tantôt somptueux, comme par exemple dans le Messie de Händel ou le Gloria de Vivaldi. Grâce à l’utilisation conjointe d’un orchestre, de choeurs et de solistes certains genres comme les oratorios, les cantates ou les passions (évocation de la Passion du Christ) permettent aux compositeur de déployer toute leur science, au service de la musique bien sûr, mais surtout à la gloire de Dieu.
Jean Sébastien Bach utilise la rhétorique propre à l’époque baroque et toutes les ressources de son audacieux génie pour atteindre une intensité absolument inouïe dans l’ouverture de la Passion selon Saint Jean par the Nederlands Bach Society for All of Bach.
Le style galant
Enfin mentionnons le style galant initié par l’italien Alberti, qui, par la prééminence qu’il accorde à la voix supérieure et la banalité de l’accompagnement dévolue à la main gauche ( les fameuses basses d’Alberti), préfigure le style classique.
Les fils de Jean-Sébastien Bach joueront un rôle prédominant dansz la transition entre âge baroque et âge classique.
Quelques compositeurs baroques :
- France : Charpentier, Couperin, Rameau
- Italie : Monteverdi, Corelli, Vivaldi, Scarlatti
- Allemagne : Händel, Bach,Telemann
- Angleterre : Purcell
4. L’époque classique (1750-1810)
Et oui, il y a une période classique, à l’intérieur de la musique classique. Bien qu’il n’en soit pas l’initiateur, son plus illustre représentant est Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). La musique classique « classique » est assez reconnaissable à l’oreille en ce qui concerne sa période centrale. Elle donne une impression de clarté et de simplicité par rapport à l’époque baroque. La science du contrepoint s’est un peu perdue en route. C’est la musique d’une civilisation urbaine, policée et bourgeoise, d’une religiosité moins affirmée et moins tragique que celle des époques antérieures.
Certains genres musicaux s’affirment à cette période, comme la sonate et la symphonies, qui avait fait son apparition un peu plus tôt en Italie. Le piano et l’orchestre moderne apparaissent également à l’époque classique. La période classique connait aussi un épisode pré-romantique à partir de 1768: le mouvement Sturm und Drang.
La symphonie
Dans la symphonie, le discours musical est prononcé par l’orchestre entier, qui ne dialogue plus avec un soliste comme dans le concerto.
Mozart compose la symphonie n°25 à 18 ans, en 1773. La tonalité de sol mineur lui donne une couleur tragique. L’interprétation aérée de l’ensemble baroque d’Amsterdam dirigé par Ton Koopman met en valeur l’art avec lequel Mozart étage les plans sonores.
Le quatuor à cordes
Le quatuor à cordes apparait au XVIIIe siècle. Cette formation de musique de chambre regroupe deux violons, un alto et un violoncelle. Les compositions de musique de chambre sont destinées à être jouées en privé par des musiciens amateurs de bon niveau. Composer un quatuor est un exercice difficile dans lequel n’excellent que les grands compositeurs. Les lignes mélodiques ressortent particulièrement bien. Cette impression de clarté qui caractérise l’époque classique nécessite ici une certaine maîtrise du contrepoint, même si l’art de J-S Bach n’est plus.
Quatuor à corde opus 76 n°4, lever du soleil de Joseph Haydn par le quatuor Guarneri :
Encore Mozart
Dans le mouvement lent du concerto pour piano n°21 de Mozart, l’orchestre s’efface très souvent devant la mélodie jouée à la main droite, la gauche se contentant de quelques trémolos. Mozart a un tel don mélodique qu’il réussit à charmer son auditoire. Cette gracieuse simplicité est typique de l’époque classique.
Daniel Baremboim dirige depuis le piano, ce qui était courant à l’époque :
Quelques compositeurs classiques:
- Allemagne : Les fils de J-S Bach
- Autriche : Haydn, Mozart
- Italie : Boccherini
Ludwig van Beethoven est un cas à part : un pied dans l’époque classique et un pied dans le XIXe siècle révolutionnaire.
5. le XIXe siècle
Le XIXe siècle musical est romantique, révolutionnaire, nationaliste, audacieux mais aussi introspectif et passéiste. Vous l’aurez compris c’est un siècle d’une grande richesse et d’une grande diversité. La caractéristique commune des œuvres composées à cette époque est qu’elles agissent assez fortement sur les émotions de l’auditeur.
Un vent de révolution
Le début du XIXe siècle est encore classique dans la forme mais révolutionnaire dans l’esprit.
Le début du 4e mouvement de la Symphonie n°5 de Beethoven composée en 1807 est plein d’ enthousiasme juvénile. Tendez bien l’oreille, vers la 55e seconde cela ressemble furieusement à du John Williams… le compositeur de la musique d’ E.T. et de Star Wars.
Les romantiques
Franz Schubert dernier des classiques ou premier des romantiques, et les musiciens de la génération 1810 (Chopin, Liszt, Schumann) exploreront les détours de l’âme humaine avec un langage harmonique d’une grande subtilité. Dans les pays de langue germanique, les chansons ou Lieder, déjà présent dans l’ œuvre de Haydn ou Mozart évolueront sous la plume des poètes et des musiciens romantique, pour devenir un genre majeur, un brin élististe, de la musique classique.
Le lied de Schubert(Lieder est le pluriel de Lied en allemand) que nous allons écouter, Ständchen, est tiré d’un recueil posthume. C’est une des ses plus célèbres mélodies. Les paroles sont de Ludwig Rellstab. Le lied commence comme ceci: Leise flehen meine Lieder durch die Nacht zu dir: mes chants t’implorent doucement à travers la nuit… Ce lied accompagné originellement au piano est ici proposé dans une version orchestrée par Offenbach.
Un polonais à Paris
Frédéric Chopin/Fryderyk Chopin, polonais de père français, apparait tel une une météorite dans le ciel européen. La nouveauté de son langage musical et ses dons de pianistes stupéfièrent ses contemporains notamment Robert Schumann. Sa musique a une couleur inimitable, sans doute en raison des influences du folklore polonais. Cette influence de la musique populaire dans la musique savante fait de Chopin un précurseur.
Le genre des nocturne au piano a été popularisé par l’irlandais Field, mais c’est Chopin qui l’a porté au sommet. Ici, le nocturne op.9 n°1 :
La mère patrie
Des musiciens nordiques, comme Sibelius et Grieg, d’ Europe Centrale comme Dvorak ou Smetana, feront eux aussi entendre les accents de leur mère patrie. Cela correspond à un mouvement général de redécouverte des racines, du folklore, qui est parfois lié à des aspirations politiques.
Le poème symphonique Finlandia, de Jean Sibelius, évoque la nature finlandaises et la résistance face à l’oppresseur russe :
Liszt : le grand témoin
Franz (Ferenc en hongrois) Liszt (1811-1886) est l’archétype du virtuose romantique adoré des foules et des dames. Mais il est bien plus que cela. Une spiritualité lumineuse (il recevra les ordres mineurs en 1865 ce qui lui vaudra le qualificatif d’Abbé Liszt) imprègne sa musique, malgré un certain goût pour la virtuosité. Avant-gardiste, il a toujours soutenu les compositeurs talentueux, dont son gendre Wagner. Il préfigure l’impressionnisme musical avec ses jeux d’eau à la Villa d’Este, et le XXe siècle avec sa Lugubre Gondole (1884).
Le cas Wagner
Richard Wagner (1813-1883) appartient à la génération 1810 mais s’en distingue fondamentalement. Son génie s’est exprimé non dans les compositions pour piano, mais dans une oeuvre d’art totale (concept allemand un peu fumeux^^) : l’opéra wagnérien où Richard est à la fois compositeur, mythologue, dramaturge, chef d’orchestre et architecte, puisqu’il a conçu les plans du Palais des festivals de Bayreuth.
Choeur des pélerins, extrait de Tannhaüser (1845)
Fin de siècle
A la fin du XIXe siècle le langage harmonique évolue à nouveau considérablement mais dans des directions diverses en préfigurant l’éclatement de la musique du XXe siècle.
6. le XXe siècle
Il se produit un événement tout à fait extraordinaire au XXe siècle : les recherches des théoriciens de la musique qui remontent à l’époque baroque et qui se basent sur la tonalité aboutissent à un point final. Il n’y a plus de progrès possible. Tout a été déjà inventé. Il faut donc tout réinventer.
Au XXe siècle, il n’y a plus aucune unité stylistique. C’est une époque de crise et de recherche. Plusieurs possibilités se sont offertes aux compositeurs du XXe, en voici quelques unes:
- Utilisation du langage tonal (Ravel, Richard Strauss, Mahler, Rachmaninov…)
- Utilisation des modes grégoriens ou bien des modes exotiques, nouveaux comme chez Debussy et Messiaen.
- utilisation des musiques populaires comme chez le hongrois Bela Bartok , introduction de la polyrythmie, des micro-intervalles: 1/3 de tons, 1/4 de tons.
- Recherche de nouvelles sonorités: musique concrète , musique électronique
- Possibilité plus radicale: tout détruire et repartir de zéro. C’est la grande aventure de la musique atonale radicale initiée par le viennois Arnold Schönberg dans les années 1910, qui va beaucoup plus loin de ce point de vue que Debussy ou Scriabine, qui avaient déjà fait sauter quelques repères familiers. L’école viennoise est à l’origine de la musique contemporaine. Il n’y a plus de tonalité, et parfois plus aucun point fixe pour l’auditeur non averti, ce qui la rend en générale assez angoissante pour le commun des mortels.
Le mage Debussy
Claude Debussy (1862-1918) à cheval sur les deux siècles, invente un langage nouveau qui parvient à exprimer directement le monde de la nature. Ce n’est pas de l’impressionisme, car Debussy ne cherche pas à décomposer des impression auditives c’est plutôt une évocation magique. Debussy s’appuie sur des prédécesseurs comme Liszt et Chabrier, mais son génie a quelque chose de surnaturel.
Reflets dans l’eau, (1905) est une pièce splendide et accessible, extraite du recueil Images pour piano.
Le Sacre
Le ballet, Le Sacre du printemps, composé en 1913 par Igor Stravinski (1882-1971), est considéré comme un des chefs-d’œuvre de la musique moderne. Stravinski superpose rythmes et tonalités différentes et crée une œuvre profondément originale. Le «Sacre» conte le déroulement d’une cérémonie sacrificielle dans une Russie païenne imaginaire. La musique qualifiée de «sauvage» par ses détracteurs et la chorégraphie de Nijinski scandalisèrent le public parisien lors de la première.
Extrait du Sacre : la danse des adolescentes :
Le dodécaphonisme
Anton Webern (1883-1945) est l’un des chef de file de l’école de Vienne. C’est un élève d’ Arnold Schönberg, dont il reprend la technique dodécaphonique: chaque composition est caractérisée par une série de 12 sons. Le matériau initial est travaillé selon des règles strictes et complexes, renouant avec l’esprit des contrapuntistes de l’époque baroque.
Les variations pour piano op. 27 (1953)sont considérées par Webern lui-même comme l’une de ses œuvres les plus abouties. Sa complexité, sa sécheresse émotionnelle voulue, l’utilisation de séries dissonantes, rendent cette pièce difficilement accessible.
Modes colorés
Dans les Vingt regards sur l’enfant Jésus, Olivier Messiaen (1908-1992) utilise des modes à transpositions limitées possédant chacun une couleur et une signification particulière. Dans le Regard du père, le mode2 prédomine. Messiaen voyait réellement des couleurs lorsqu’il entendait de la musique, c’est un cas particulier de synesthésie.
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