R.146 (vers 1750 ?)
Né en 1729 à Otl en Catalogne, Soler étudie très tôt la musique dans une abbaye catalane. Il devient organiste, moine, puis est ordonné prêtre à l’âge de 23 ans. Les mélomanes le connaissent d’ailleurs sous le nom de Padre Antonio Soler. Il entre au monastère de l’Escurial, résidence du roi d’Espagne. C’est là qu’il devient élève de l’illustre compositeur Domenico Scarlatti (né la même année que Bach et Haendel), napolitain d’origine et espagnol d’adoption.
Auteur de plusieurs centaines de pièces vocales, de plus de cent sonates pour clavier ainsi que d’un traité sur l’harmonie, Soler est contemporain des fils de Bach et comme eux, un jalon de la transition entre baroque et classique.
Le « fandango » du padre Soler est son oeuvre la plus connue ; redécouverte vers 1960 on ne connaît pas la date exacte de sa composition et son attribution à Soler est parfois contestée. On ne possède qu’un manuscrit en 3/4, sur lequel il est écrit « fandango de Soler ». Nous la classerons dans le baroque tardif.
Le fandango est une danse envoutante à 3 temps d’origine hispano-américaine, accompagnée à la guitare et aux castagnettes. Chez Soler le motif répété à la main gauche (on parle de basse obstinée) et les motifs montants et descendants à la main droite donnent à ce fandango son caractère obsédant (et aussi un peu répétitif). Mais pour ne pas trop ennuyer l’auditeur (ou l’interprète) Soler a intercalé des passages en majeur ou bien dans lesquels la basse obstinée disparaît ou inversement dans lesquels seule la basse subsiste, comme si l’interprète cherchait l’inspiration pour une nouvelle variation. On note des harmonies bizarres avec sol et sol# superposés. Bref, l’ensemble est hypnotique et donne l’impression d’une improvisation.
Deux versions. Celle de Jean Rondeau :
Celle de Monica Forys au clavecin et de Tomas Celis Sanchez aux castagnettes